Thierry BRIAND

Les Drolatiques : Entre Passé et Futur Les gravures d'antan, telles que celles dessinées par le couturier François Desprez en 1565 dans son œuvre « Les Drolatiques », semblent avoir traversé le temps pour renaître sous une forme nouvelle, où se mêlent les imaginaires d'hier et d'aujourd'hui. Ces créatures hybrides, monstrueuses et grotesques, s'inscrivent dans un métissage étrange entre l'humain et l'animal. Dans ces figures bizarres, le corps humain se fait le miroir d'un monde parallèle où les frontières entre l'espèce et l'essence s'effritent. Des éléments de poissons, de singes, de chiens ou d'oiseaux s'incorporent dans des corps anthropomorphes, déformés, au-delà du fantastique, dans une esthétique de l'absurde. Les ustensiles et prothèses, pourtant issus du quotidien, se transforment en prolongements déformés de ces créatures, en une sorte de métamorphose continue entre la technologie et le vivant. Leurs corps se modifient et se réinventent dans des figures étranges et inquiétantes qui, bien que tirées des estampes anciennes, semblent résonner avec une modernité nouvelle, comme si elles appelaient une réflexion sur le corps, l'hybridation et le monstre. Ainsi, ces êtres, nés du crayon de François Desprez ou d’autres créateurs d’autres temps, s’échappent des pages jaunes des vieux livres pour déambuler sans fin dans les rues pavées de Dinan, une ville médiévale figée dans le temps. Là, entre les pierres et les échos du passé, ils se perdent, hors du temps, dans une quête sans but, comme une traversée infinie entre deux mondes. Une résonance étrange, un passage, entre l'ancien et l'actuel, où la fiction et la réalité se confondent dans une danse de créatures bizarres et fascinantes.